JIVYA SOMA MASHE ET INDIRA GANDHI 1976
L'histoire de Jivya Soma Mashe est singulière. Abandonné par sa famille dés son plus jeune âge, il s'enferme dans un mutisme total. Sa seule façon de s'exprimer est le dessin. Cette pratique quotidienne, d’un art jusqu’alors exclusivement éphémère et pratiqué aux seules occasions des rites Warlis, attire l’attention des premiers émissaires du gouvernement, en charge de conserver et de promouvoir l'art des Warlis. Son talent fut très vite remarqué au niveau national, recevant directement de la main des plus haut responsables politiques de l’Inde –tels Nehru ou encore Indira Gandhi- les plus importantes récompenses artistiques indiennes, puis au niveau international, participant à des expositions remarquées dont les Magiciens de la terre, en 1989.
CATALOGUE DES MAGICIENS DE LA TERRE, CENTRE POMPIDOU 1989, ET VUE DE L'EXPOSITION RICHARD LONG, JIYA SOMA MASHE AU MUSEUM KUNST PALAST, DÜSSELDORF 2003.
De cette période de repli sur lui-même, Jivya Soma Mashe semble avoir conservé un imaginaire et surtout une sensibilité hors du commun. Le travail sur des supports comme le papier et la toile lui ont permis de s'affranchir des contraintes de la surface irrégulière et escarpée du mur. Jivya Soma Mashe a métamorphosé l'aspect abrupt des peintures éphémères en un style libre et franc d’où émane une sensibilité propre. La marche est omniprésente tant dans les paysages warli, avec ses innombrables pistes marquant le sol comme les vestiges d’une sédentarisation inachevée, que dans les peintures de Jivya Soma Mashe. Dans ses peintures, la marche s’inscrit également sous la forme de pistes, représentées le plus souvent par une simple ligne. Une ou plusieurs lignes, qui parcourent et structurent la toile, nous invitent à suivre ses personnages toujours en mouvement, ses « marcheurs » dont la forme rudimentaire et hardie évoquent les silhouettes, elles aussi élémentaires et décidées, d’autres « marcheurs » célèbres représentés, ou figurés, par Alberto Giacometti, Charlie Chaplin ou encore Jacques Tati.
JIVYA SOMA MASHE "AUTRES MAITRES DE L'INDE" MUSEE DU QUAI BRANLY 2010 En regardant attentivement les peintures de Jivya Soma Mashe, ce qui frappe le plus c’est le « mouvement », la qualité du détail, la légèreté et, dans un même temps, la précision du trait. L’hésitation n’existe pas dans l’oeuvre de Jivya Soma Mashe. L’artiste va à l’essentiel tant dans le dessin que dans la composition. Directement, sans ambages, avec la simplicité de l’évidence, de l’ingénue, du naturel. Chaque détail de ses peintures en sont le témoignage. Le trait, la ligne et les points foisonnent, fourmillent, sur la toile vibrent et s'agencent au grès de compositions habiles qui, elles même, renforcent la vibration de l'ensemble.
JIVYA SOMA MASHE 1997 ACRYLIQUE ET BOUSE DE VACHE SUR TOILE 100X125 CM COLLECTION FLORENCE ET DANIEL GUERLAIN. Le détail et la composition générale de l'oeuvre sont, l'un et l'autre, au service du mouvement. Les thèmes récurrents de son oeuvre, l'activité quotidienne des siens et les légendes Warli sont elles aussi le prétexte à un éloge constant du mouvement.
"Il y a les êtres humains, les oiseaux, les animaux, les insectes, etc. Jour et nuit il y a du mouvement. La vie est mouvement." Par ses propos, Jivya Soma Mashe, décrit le sentiment profond qui anime l'âme Warli. Adivasi, premiers habitants, les Warli nous parlent des temps les plus anciens et évoquent une culture ancestrale dont l'étude approfondie permettrait peut-être de révéler quelques-uns des fondements culturels et religieux de l'Inde moderne.
Jivya Soma Mashe a arrêté de peindre durant l'été 2016.
JIVYA SOMA MASHE PHOTO ROMAIN MOUNIER POULAT INDE 2010.
JIVYA SOMA MASHE, ANTS SPIRALE 2007, ACRYLIQUE ET BOUSE DE VACHE SUR TOILE, 120X150 CM. COLLECTION PRIVEE PARIS.